Édition du jeudi 14 février 2019
La lutte contre la pollution lumineuse demande une « approche globale »
En 25 ans, la lumière émise dans l’espace public a augmenté de 94 %, s’alarme Anne-Marie Ducroux, présidente de l’association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (ANPCEN). D’ailleurs, 75% des Français estiment que la pollution lumineuse n’est pas assez prise en compte. Un constat qui montre l’ampleur du défi que les collectivités doivent affronter et qui était au cœur de la journée organisée, le 12 février, par l’AMF et la Fédération des parcs naturels régionaux de France (FPNRF) sur le thème : « Collectivités locales : comment agir contre la pollution lumineuse ? ».
Les lois Grenelle de 2009-2010 ont cherché à prévenir ou limiter les dangers ou troubles excessifs aux personnes et à l’environnement causés par les émissions de lumière artificielle ainsi qu’à limiter les consommations d’énergie, a exposé lors de cette journée Nathalie Commeau, cheffe de la mission Bruit et agents physiques au ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES). La loi Biodiversité de 2016 consacre les paysages nocturnes comme patrimoine commun de la nation, avec un devoir de protection de l’environnement nocturne et la prise en compte de la lumière artificielle par les trames vertes et bleues. Et un décret du 12 juillet 2011 portant sur la prévention et la limitation des nuisances lumineuses, vient d’être précisé par l’arrêté du 27 décembre 2018. Ce texte s’applique notamment aux éclairages publics.
Prendre en compte toutes les contraintes
Du côté des collectivités, la volonté de réduire la facture d’électricité, et en particulier celle de l’éclairage public, a abouti à une première réduction du niveau de lumière. Mais la prise de conscience est allée plus loin. « Le sujet de la pollution lumineuse est devenu aussi un sujet culturel, économique et environnemental avec les impacts sur la biodiversité », expose Michael Weber, président de la FPNRF et président du PNR des Vosges du Nord. L’astronomie, la santé publique – avec les troubles du sommeil –, la sécurité sont également concernées. Cette diversité de problématiques impose une « approche globale », selon Anne-Marie Ducroux. « La gestion de l’éclairage appelle une vision globale à la maille territoriale compétente, tenant compte de toutes les problématiques locales, puis une mise en œuvre structurée par un diagnostic technique, un schéma directeur, une programmation pluriannuelle », explicite Alexis Gelle, chef du service développement des réseaux d’énergie et éclairage public à la FNCCR. .
Sur le terrain, Anne-Marie Ducroux conseille une « démarche graduée ». D’abord réfléchir à la conception même de l’éclairage : est-il utile, bien placé, excessif ? Puis penser à l’usage, en particulier à la durée d’éclairement. « 12 000 communes éteignent l’éclairage une partie de la nuit et font des économies », souligne-t-elle. Enfin, aborder les questions techniques en revoyant le matériel.
Différentes contraintes doivent être prises en compte. Ainsi, remplacer les lampes au sodium par des LED permet des économies d’énergie et financières. Mais leur lumière peut être nocive pour les animaux, aveuglés par une lumière trop puissante. Le passage aux LED doit donc être assorti d’une réflexion sur l’intensité, la hauteur, le nombre, l’orientation des points lumineux et l’opportunité de pratiquer l’extinction durant certaines heures de la nuit. Ces solutions nécessitent d’être débattues et bien expliquées à la population. « Nous avions communiqué sur l’économie d’énergie. Avec le retour d’expérience nous savons qu’il aurait aussi fallu axer la communication sur le confort supplémentaire mais aussi sur le fait que le but de l’éclairage public n’est pas d’éclairer les propriétés privées », remarque Frédéric Guenin, directeur circulation et signalisation à Troyes Champage Métropole. L’objectif de cette collectivité est de passer l’ensemble de son parc aux LED d’ici la fin de l’année. Les actions déjà menées par la métropole ont permis de diminuer la facture énergétique de 59 % pendant que le coût du kW augmentait de 36 %.
Sécurité : des craintes non avérées
Réduire l’intensité lumineuse, aller jusqu’à l’extinction plusieurs heures par nuit, inquiète une partie de la population qui craint pour sa sécurité. L’exemple du PNR du Gâtinais montre que ces craintes ne sont pas avérées. 67 communes sur 69 y pratiquent l’extinction au moins 5 heures par nuit. Résultat : « Arrêt des rassemblements nocturnes, arrêts des tags et dégradations du mobilier urbain, réduction de la vitesse dans les bourgs et hameaux et aucune incidence négative sur la sécurité », développe Jean-Jacques Boussaingault, président du parc.
Outre une forte pédagogie, le parc a mis en place l’écoconditionnalité de ses subventions à l’extinction complète cinq heures par nuit. Effet d’entraînement de cette politique: des communes hors du parc ont suivi. La continuité dans l’espace est en effet importante. D’où une réflexion sur l’intégration d’une « trame nocturne » à la trame verte et bleue, comme celle menée par la commune d’Ardres avec le PNR des Caps et Marais d’Opale.
Dans le PNR des Causses du Quercy, la beauté des nuits étoilées devient un enjeu touristique, explique Nano Oller, adjoint à Aujols (Lot) et responsable de gîtes. À la recherche de source d’économie, le village a décidé de couper l’éclairage de 23 h à 6 h. Une forte politique de communication a vaincu les réticences de la population. Depuis, le village a obtenu le label Ville et village étoilé deux étoiles de l’ANPCEN.
Les lois Grenelle de 2009-2010 ont cherché à prévenir ou limiter les dangers ou troubles excessifs aux personnes et à l’environnement causés par les émissions de lumière artificielle ainsi qu’à limiter les consommations d’énergie, a exposé lors de cette journée Nathalie Commeau, cheffe de la mission Bruit et agents physiques au ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES). La loi Biodiversité de 2016 consacre les paysages nocturnes comme patrimoine commun de la nation, avec un devoir de protection de l’environnement nocturne et la prise en compte de la lumière artificielle par les trames vertes et bleues. Et un décret du 12 juillet 2011 portant sur la prévention et la limitation des nuisances lumineuses, vient d’être précisé par l’arrêté du 27 décembre 2018. Ce texte s’applique notamment aux éclairages publics.
Prendre en compte toutes les contraintes
Du côté des collectivités, la volonté de réduire la facture d’électricité, et en particulier celle de l’éclairage public, a abouti à une première réduction du niveau de lumière. Mais la prise de conscience est allée plus loin. « Le sujet de la pollution lumineuse est devenu aussi un sujet culturel, économique et environnemental avec les impacts sur la biodiversité », expose Michael Weber, président de la FPNRF et président du PNR des Vosges du Nord. L’astronomie, la santé publique – avec les troubles du sommeil –, la sécurité sont également concernées. Cette diversité de problématiques impose une « approche globale », selon Anne-Marie Ducroux. « La gestion de l’éclairage appelle une vision globale à la maille territoriale compétente, tenant compte de toutes les problématiques locales, puis une mise en œuvre structurée par un diagnostic technique, un schéma directeur, une programmation pluriannuelle », explicite Alexis Gelle, chef du service développement des réseaux d’énergie et éclairage public à la FNCCR. .
Sur le terrain, Anne-Marie Ducroux conseille une « démarche graduée ». D’abord réfléchir à la conception même de l’éclairage : est-il utile, bien placé, excessif ? Puis penser à l’usage, en particulier à la durée d’éclairement. « 12 000 communes éteignent l’éclairage une partie de la nuit et font des économies », souligne-t-elle. Enfin, aborder les questions techniques en revoyant le matériel.
Différentes contraintes doivent être prises en compte. Ainsi, remplacer les lampes au sodium par des LED permet des économies d’énergie et financières. Mais leur lumière peut être nocive pour les animaux, aveuglés par une lumière trop puissante. Le passage aux LED doit donc être assorti d’une réflexion sur l’intensité, la hauteur, le nombre, l’orientation des points lumineux et l’opportunité de pratiquer l’extinction durant certaines heures de la nuit. Ces solutions nécessitent d’être débattues et bien expliquées à la population. « Nous avions communiqué sur l’économie d’énergie. Avec le retour d’expérience nous savons qu’il aurait aussi fallu axer la communication sur le confort supplémentaire mais aussi sur le fait que le but de l’éclairage public n’est pas d’éclairer les propriétés privées », remarque Frédéric Guenin, directeur circulation et signalisation à Troyes Champage Métropole. L’objectif de cette collectivité est de passer l’ensemble de son parc aux LED d’ici la fin de l’année. Les actions déjà menées par la métropole ont permis de diminuer la facture énergétique de 59 % pendant que le coût du kW augmentait de 36 %.
Sécurité : des craintes non avérées
Réduire l’intensité lumineuse, aller jusqu’à l’extinction plusieurs heures par nuit, inquiète une partie de la population qui craint pour sa sécurité. L’exemple du PNR du Gâtinais montre que ces craintes ne sont pas avérées. 67 communes sur 69 y pratiquent l’extinction au moins 5 heures par nuit. Résultat : « Arrêt des rassemblements nocturnes, arrêts des tags et dégradations du mobilier urbain, réduction de la vitesse dans les bourgs et hameaux et aucune incidence négative sur la sécurité », développe Jean-Jacques Boussaingault, président du parc.
Outre une forte pédagogie, le parc a mis en place l’écoconditionnalité de ses subventions à l’extinction complète cinq heures par nuit. Effet d’entraînement de cette politique: des communes hors du parc ont suivi. La continuité dans l’espace est en effet importante. D’où une réflexion sur l’intégration d’une « trame nocturne » à la trame verte et bleue, comme celle menée par la commune d’Ardres avec le PNR des Caps et Marais d’Opale.
Dans le PNR des Causses du Quercy, la beauté des nuits étoilées devient un enjeu touristique, explique Nano Oller, adjoint à Aujols (Lot) et responsable de gîtes. À la recherche de source d’économie, le village a décidé de couper l’éclairage de 23 h à 6 h. Une forte politique de communication a vaincu les réticences de la population. Depuis, le village a obtenu le label Ville et village étoilé deux étoiles de l’ANPCEN.
Martine Kis
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